Qui sera ma colocataire ? [libre] [Fini]

Leona, après avoir parlé avec ses gardiens, tenta de retrouver Lumine.

*Elle est nouvelle, manquerait plus qu'elle se perde et que je doive la retrouver ...* se dit-elle.

Fort heureusement, grâce à Raven et à son odorat surdéveloppé, le groupe allait pouvoir ratraper la lycéenne et découvrirent le chemin qu'elle avait emprunté. Traversant la cour, elle avait aperçu un arbre qui semblait à son goût. Elle s'était arrêtée à son pied, avait cueilli une fleur qui était à sa portée, puis la cala dans son cahier lorsqu'elle vit arriver Leona et ses gardiens.

"Vous voilà réconciliés, je suis contente pour vous ! s'exclama-t-elle tout sourire.
- Nos altercations ne durent jamais longtemps, remarqua l'autre jeune femme d'un air désintéressé."

Elle vit Lumine lui tendre le cahier dans lequel elle avait placé la feuille de cerisier. Leona ne comprit pas tout à fait l'intérêt du geste, mais devait répondre quelque chose. La coupant et donc lui empêchant de dire une éventuelle bêtise (son débit de méchanceté, il arrive qu'elle le contrôle mal sans le vouloir), Ellie prit la parole.

"Tu fais un herbier ? lui demanda-t-elle en se posant sur son épaule. J'adore les herbiers, je ne saurais te dire au combien ! Et j'arrête pas de demander à Leona d'en faire un, pis elle elle s'en fiche, elle m'écoute pas de toutes façons. C'est du joli ça quand même que ...
- Ellie, tu recommences à parler comme une vulgaire pie, coupa Zlark de sa voix nasillarde.
- J'te cause pas ! Je parle à la charmante demoiselle que voilà ! Donc nous disions ...
- Elle a peut être pas forcément envie de devoir te porter non plus, remarqua Raven un peu amusé.
- Ah oui, pis de toutes façons Leona a une épaule déjà stigmatisée par mes serres, je risque encore de trouer celle de la pauvre Lumine. Honte à moi ! fit-elle en reprenant sa place sur Leona."

Lumine semblait ne pas comprendre Leona, comme la plupart des gens d'ailleurs, mais était amusée par les gardiens. Leona quant à elle se dit qu'elle devait être quelqun de gentil, sans plus, quelqun avec qui elle aimerait papoter sans trop la considérer comme une amie. En gros, c'était la définition d'une simple connaissance. Cela n'étonnait guère la lycéenne, avec le mal qu'elle avait à faire confiance. Finalement, elle ne pouvait se confier qu'à ses gardiens, son seul ami en dehors de ces trois là étant le jeune homme qu'elle avait rencontré à son arrivée. Elle effaça l'idée de s'être attendrie à son arrivée à Fukimura de sa tête, mais au final c'était vrai : sa vie avait à peine commencé ce jour fatidique où Raven avait signé pour elle son entrée à l'académie. Perdue dans ses pensées, une goutte de pluie tombant sur sa joue telle une larme la sortit de sa nostalgie. Imitant Lumine, elle se couvra également de sa capuche avant de conseiller à sa collocataire de rentrer.

"On ferait mieux d'y aller, ou on va finir trempées, lui fit-elle en se retournant déjà"

Elle se dépêcha de rentrer (n'aimant pas particulièrement le fait de se retrouver mouillée comme un chat), sous l'averse qui battait déjà son plein. Elle arriva devant les escaliers menant au dortoir des filles, et se retourna, regard suspect posé sur Zlark et Raven.

"J'peux savoir c'que vous faites, les garçons ?
- On vient se protéger de la pluie ! s'exclama Zlark.
- Z'avez qu'a squatter dans le dortoir des garçons, je sais pas moi, z'êtes des êtres surnaturels, vous devriez être capables de trouver un endroit où dormir et vous réfugier !"

Les deux gardiens se regardèrent, puis voulurent supplier mais s'en retinrent. A défaut, ils se contenrèrent de faire les gros yeux.

"Z'avez qu'à voir avec Lumine si ça la dérange ou pas, lança Leona en montant les escaliers."

Leona n'avait aucune idée de la situation désagréable dans laquelle elle avait mise Lumine, et s'en fichait royalement pour tout vous dire.

*C'est une grande fille, pis c'est pas comme si Raven était pas là pour veiller à ce que Zlark ne la bouffe pas.* se dit-elle.

Ôtant sa capuche, elle entra dans la chambre. Elle jeta un oeil sur le couloir, puis aperçu ses trois gardiens. Ils n'avaient pas l'air fin, pour sûr, pourtant ils avaient tout pour l'avoir ...
Raven était un noble et imposant lycan, aux crocs assérés et à l'oeil éborgné, une lourde armure en plaque recouvrant ses poils subtilement bleutés, équipé d'un énorme bouclier et d'une hache tout aussi lourde. Il inspirait le respect et la quiétude, sa voix et son regard étant sereins.
Zlark avait lui aussi un certain charme, plutôt bestial, puisqu'étant assez court sur pattes aux poils roux. "Une éspèce de gros rat", voilà comment définit vulgairement son apparence Leona, mais pourtant elle doit avouer qu'il est plus que ça. Se tenant sur deux pattes, les gros constament ensanglantés, il est couvert de vêtements sombres à capuche (de vraies loques, il faut le dire), il porte également deux machettes teintées de rouge.
Ellie quant à elle est un énorme oiseau lumineux, brillant même dans le noir, aux reflets dorés. Ses serres puissantes et son bec toujours ouvert (pour ne pas faire de jeu de mot, elle bavarde comme une pie) sont dangereux, ses yeux presque imperceptibles par la faute de la lumière sont très expressifs, et elle est dans l'ensemble somptueuse. Ce que l'on redoute chez elle sont ces sorts. Maîtrisant le feu à la perfection, c'est un oiseau sacré et donc elle a la possibilité de soigner ses alliés (tâche qui est plutôt confiée à Leona), et de poser des barrières sur eux afin de les immuniser d'attaques externes. Vraiment, ces trois là étaient redoutables, surtout ensemble, et surtout lorsqu'ils étaient dirigés par Leona (qui est une fine stratège).

"Elle vous a laissés entrer finalement, lança-t-elle à ses camarades.
- Juste le temps de se protéger de la pluie, expliqua Raven.
- Soit, oubliez pas de la remercier surtout.
- Oui cheffe ! s'exclama Ellie."

Entrant dans la chambre, Lumine ôta sa capuche, accrocha sa veste à un cintre, puis détacha ses cheveux. A l'inverse de Leona, elle avait une longue et douce chevelure, légèrement ondulée, d'une couleur exquise et pleine de reflets. Mais la lycéenne aux cheveux émeraudes ne l'enviait pas vraiment. Pas du genre à faire des couleurs ou à s'occuper d'elle tout simplement, elle était née par un étrange phénomène avec des cheveux verts. Peut être étais-ce du à la magie ? Leona ne savait même pas si ses parents possédaient un pouvoir quelconque. Son père, à part la battre, ne lui disait rien ... Enfin si, il lui parlait (ou plutôt criait), mais uniquement pour l'insulter. Elle aurait aimé savoir qui était sa mère, mais conditionnée dans son corps malade, elle ne pouvait entreprendre des recherches. Peut être qu'après ses études, elle irait se renseigner sur cette inconnue qui pourtant l'avait mise au monde. A vrai dire elle n'en savait rien, peut être cette femme cachait d'affreux secrets ? La seule chose que Leona avait gardé de sa mère était une petite figurine qu'elle gardait soigneusement. Elle représentait un petit panda de pas plus de cinq centimètres, et était fluorescente. En gros, ce n'était pas du tout le style de la jeune femme, mais l'objet en demeurait précieux. Tandis que Leona entra dans la salle de bain et essora sa grosse veste toute mouillée dans la douche, Lumine s'était assoupie sur son lit. Par "N'oubliez pas de la remercier, surtout", la jeune femme aux cheveux émeraudes savait qu'il fallait plus qu'un petit mot. Loyaux et pleins de bonnes valeurs, elle savait que ses gardiens allaient prouver leur gratitude gestuellement. Peut être en protégeant la jeune collocataire, en lui rendant un service ou quelque chose comme ça. Leona leur faisait confiance, ils en étaient dignes, et c'était réciproque. La jeune femme s'asseya sur son lit après avoir également accroché sur sa veste.

*La voilà endormie, ça va être gai maintenant.* se dit-elle en reprenant sa lecture.

C'était vrai, Lumine était assoupie, Leona lisait, Zlark et Raven faisaient une partie de cartes et Ellie dormait également. A vrai dire, ce n'était pas vraiment un temps à faire autre chose, la jeune lectrice du fermer expressement la fenêtre tant la pluie battait. Elle observa un instant dehors. Un ciel gris, comme il y avait toujours en Allemagne, ça lui rappelait des souvenirs. Elle avait déjà songé à y retourner, mais l'idée de sa rencontre avec son père furieux lui faisait peur. Bien entendu, avec ses gardiens, elle ne risquait plus rien, mais l'omniprésence paternelle était intacte. Quoique désormais, depuis l'épisode du parc, il n'allait plus la harceler ...

Cela faisait un bout de temps déjà que Leona s'était remise à sa lecture. Lumine et Ellie dormaient toujours aussi profondément et les deux autres "zigotos" avaient entrepris d'autres parties de cartes qui tiraient en longueur. Le silence était à peine déchiré par la pluie qui s'abattait sur Fukimura. Le tout était atrocemment monnotone, Leona s'ennuyait, mais avait enfin finit sa lecture lorsque Lumine se redressa sur ses avant-bras.

*Bon, elle est réveillée, elle va peut être mettre un peu d'animation.* pensa la lycéenne.

Sur cette pensée, elle enfourna son livre dans son armoire. Après avoir vu Lumine récupérer elle aussi un bouquin (qu'elle semblait beaucoup apprécier, au passage) avant de se hisser sur son lit pour lire, Leona décida de ranger l'intégralité de ses affaires. Elle ne savait pas pourquoi elle ne l'avait pas fait avant. Flemme ? Envie de dormir ? Elle n'en savait rien. Elle ne l'avait simplement pas fait, voilà tout. Elle débuta par installer ses vêtements, puis ses effets personnels. Enfin, en même temps, elle n'avait pas grand chose. Lors de sa fugue, elle avait uniquement prit des habits et de quoi manger pour un bout de temps, ainsi que de l'argent pour voyager. Vraiment, les seules choses qu'elle avait gardé étaient son bouquin et sa petite figurine de panda. Elle avait du mal à l'avouer, mais il lui arrivait de s'imaginer sa mère, comment elle aurait pu être, et à partir de cette image complètement absurde elle lui parlait. Elle se sentait très vite idiote, et par conséquent elle ne le ferait pas puisque désormais elle a des collocataires, mais peut être l'avouera-t-elle à un ami proche ? Même ses gardiens ne savent rien de ce secret. Elle s'était faite à l'idée qu'elle devenait schyzo, et cela ne la déplaisait pas pour autant. Après tout, les gens différents, on veut les casser pour les rendre tous pareils ou bien pire : on les plaint.
Leona ne démontrait pas de pitié et ne voyait pas de pitié dans les yeux des gens qui la fixaient. Quelques fois du dégoût, voir de la peur à la vue de ses cicatrices, mais rien d'autre. Ellie dormait encore et Zlark et Raven jouaient encore aux jeux de cartes lorsque Leona eut finit de ranger. Elle fut amusée du "YAY !!" entendu de la grosse voix du lycan lors de sa victoire, qui réveilla Ellie.

"Espèce de triple idiot ! lui cria-t-elle humouristiquement. Je me dois d'avoir mes 23 heures de sommeil par jour !
- On lui dira, lança Zlark.
- T'inquiète pas Ellie, quelque chose me dit que tu vas pas perdre de temps pour te rendormir, fit Leona d'un sourire amusé."

Ellie fit un clin d'oeil puis se blottit dans le lit de sa maîtresse, cette dernière quant à elle opta pour se joindre à la partie de carte des garçons.

Lumine enfouit son marque-page dans son livre, descendit de son lit avec sa légerté habituelle, puis se posta à la fenêtre. Elle semblait pensive et malheureuse, certainement à cause du temps. A son inverse, Leona était bien contente de ne pas devoir sortir trop longtemps. Détestant le fait de s'oublier dans la liberté de la nature, et bien trop terre à terre pour ça, la jeune femme préférait se voir rationnelle. Raven, Zlark et elle jouaient au Maw, un jeu qu'elle leur avait apprit et assez courant en Allemagne. Dans le principe d'un Uno, il y avait de nombreuse cartes pour empêcher les autres de poser les leurs. Le deux faisait piocher deux cartes, le dix quatres, le huit faisait passer un tour et le valet changeait le signe ou la couleur qui était imposée. C'était un jeu simple et de chance, mais aussi de faculté à prendre des décisions. Leona était cruellement malchanceuse, et donc avait perdu. Elle se lassa, comme à son habitude, du jeu.

"Vous avez gagné, leur fit-elle avec un sourire.
- C'est moi qu'a tout gagné ! s'exclama Raven tout aussi joyeux.
- Tu triches, j'en suis sûr ! rétorqua Zlark."

S'en suivit une petite chamaillerie calmée par les claquements de doigts de Leona. Cette dernière constata que Lumine abordait une mine déconfite. Elle se posta à ses côtés à la fenêtre, puis lança presque amicalement :

"T'en fais pas, il va bientôt faire beau."

Cette réaction surprit Leona qui, à son habitude, était plutôt désagréable et sèche. Pour le coup, elle s'était retrouvée presque aimable, bien que son timbre de voix soit toujours distant. Elle observa à son tour le ciel, puis soupira. Il était vrai que ce temps n'était pas des plus beaux !

La jeune Lumine sorti son cahier et y écrivit quelques mots en guise de réponse :

"Je l'éspère car je n'aime pas être enfermée ! Je préfère être dehors."

Elle observa l'horizon, et semblait pensive. Ouvrant la fenêtre, la jeune fille passa la main au dehors afin de sentir la pluie dans la peaume de sa main. Le geste fit grimacer Leona, qui avait froid. D'ailleurs, elle avait souvent froid, probablement parcequ'elle n'était pas épaisse et puis, c'est connu, le froid fragilise les articulations déjà sensibles de la lycéenne. Soudain, rentrant sa main, elle s'asseya au sol, anxieuse. Légèrement curieuse de cette réaction imprévisible, Leona baissa le regard sur sa collocataire et par conséquent observa par-dessus son épaule. La fluette jeune fille dessinnait dans son cahier, et ce qu'elle faisait était plutôt réaliste et joli, d'ailleurs ! La jeune femme aux cheveux émeraudes décida de reprendre place sur son lit, attirée par la joie qui s'y émanait : Raven ne cessait de gagner, tandis que Zlark gromelait et Ellie tentait de trouver le sommeil. Malgrès ce qu'elle pouvait en dire ou en démontrer, Leona appréciait les grands enfants qui lui servaient de gardiens. Depuis leur rencontre, ils avaient été ses meilleurs amis, et une véritable confiance s'était établie dans le quatuor. A vrai dire, aucun d'eux n'étaient si jeunes qu'ils n'en avaient l'air : Zlark avait la quarantaine, Raven plus de la cinquantaine, et Ellie n'avait pas vraiment d'âge (étant donné qu'elle avait un père phoenix, elle renaissait de ses cendres).

"Je ne vous demande pas qui gagne, lança Leona d'un ton amusé.
- Rho ça va toi ! rétorqua Zlark énervé.
- Mauvais perdant, va ! fit ensuite Raven.
- Taisez-vous tous les deux, vous allez réveiller Ellie, et personne ne veut finir en poulet grillé."

Sur ces mots, les gardiens se turent. Leur maîtresse, quant à elle, décida de se détendre un peu. Pour être honnête, et bien loin des apparences, elle s'inquiétait pour Lumine. Peut être que, derrière son sourire innocent et son attitude légère, se cachait un passé terrible. Leona cessa bien vite de s'inquiéter pour autrui : elle avait assez avec ses problèmes d'après elle

Lumine s'était remise à son dessin après avoir observé un instant Ellie. Leona se demandait si elle savait dessinner. Cela pouvait paraître idiot, mais en fait, elle ne se souvenait pas avoir essayé d'atteindre un objectif quelconque. Pourtant, il lui avait semblé être nulle. Elle se sentait honteuse de vouloir évaluer seule son niveau, et de ce fait elle n'entreprit pas d'empoigner papier et crayon pour gribouiller quelque chose. Non, son truc, c'était la musique. D'ailleurs, la douce mélodie qu'elle avait entendu au loin avait disparu, comme disparait une silhouette dans la brume : sans trop qu'on s'en aperçoive. Il était vrai que c'était le triste sort d'une musique d'ambiance, elle débute sans qu'on le sache, et finissent de même. Finalement, la musique était éphémère, peut être étais-ce ce qui plaisait à Leona. Quoi qu'il en soit, la jeune femme ne souhaitait pas broire du noir. Ce qu'elle voulait, c'était de se changer les idées de ce temps morne. Elle chercha donc dans ses affaires quelque chose d'éventuellement intéressant, mais n'y trouva rien pour le moment. Eventrant son sac de cours, elle étala tout sur la place restante du lit, puis déborda sur les jambes de Raven qui ne put rétorqua que déjà il était chargé comme une mule. Leona observa donc ses cahiers les uns après les autres, et étudia un peu les sujets qui avaient été abordés. Histoire ? Non, je vous le rappelle, elle ne voulait pas boire du noir ! Langues ? Certainement pas, elle vomissait trop le français. Mathématiques ? En premier lieu, la jeune femme s'était dit *Peut être ...*, puis cette pensée se transforma en souhait. Tout en lisant, tête reposée sur sa main et coude appuyé sur sa cuisse, la lycéenne se demandait quand la classe allait passer au chapitre suivant. Le sujet là, il allait deux minutes, mais il n'était pas des plus intéressants.

"Au fait, Ellie voulait que tu lui expliques tes cours, fit Zlark en croisant le regard de sa maîtresse.
- Mouais ... En même temps, si elle dort tout le temps, j'vais pas pouvoir lui expliquer grand chose.
- Juste, juste. Bon Raven, moi j'arrête de jouer, tu triches trop !
- C'est un jeu de chance, j'aurais du mal à tricher, mon pote.
- Mouais, mouais ... Pas convaincu."

Levant les yeux au ciel, Leona hocha négativement la tête, toujours de son sourire amusé et désarmant. Ces deux là étaient vraiment des pitres ...

Cassant la monotonie des révisions par temps de pluie, Lumine s'étira. Il était évident qu’accroupie, elle devait être engourdie. Elle souffla lorsqu'elle s'aperçu en regardant par la fenêtre que les nuages lunatiques n'avaient pas cessé de pleurer, chose normale quand on détestait être enfermée comme elle semblait l'être. Puis, sans trop savoir pourquoi, Leona vit sa colocataire ouvrir la fenêtre pour passer sa main à l'éxterieur. Lorsqu'elle rentra, la lycéenne comprit que sa camarade avait recueilli un oiseau, faute aux piaillements de ce dernier. Comme par un réflexe, Ellie se réveilla. L'oiseau de lumière se percha sur le haut du lit afin d'observer l'oisillon par-dessus l'épaule de Lumine, puis ne put s'empêcher de s'exclamer :

"Qu'il est mignon ! Ah nan il est trop chou ! Leona, on peut le garder ?
- On dirait une gamine ! rétorqua Zlark.
- Faut voir avec Lumine, répondit la maîtresse du volatile."

De ce fait, Ellie s'approcha en vol du petit oiseau, ce dernier ne tardant pas à reconnaître comme une aînée en elle. Secouant ses plumes, il vola vers elle, puis faillit tomber, ratrappé de justesse par Raven qui n'avait qu'à tendre son long bras. Dans les poils duveteux du lycan, l'oisillon se sentait au chaud.

"Je pense que je vais le porter, il a l'air d'apprécier les poils, fit Raven à Lumine d'un ton rassurant."

Il faut dire que l'homme-loup était un incroyable bon père. Du temps où son enfant vivait, il était constament là pour lui, enfin plutôt pour elle puisqu'il avait une petite fille. Même maintenant, il se comporte comme un parent tout à fait honnorable envers Leona, plus que comme un simple gardien d'ailleurs. En même temps, la jeune femme lui avait déjà sauvé la vie, ce qui n'est en soi pas rien.

Lumine écrivit une réponse sur son cahier :

"Si on le garde il va falloir lui trouver un prénom, vous voulez m'aider ?"

Elle montra le cahier au petit groupe, et des réactions de la part de chacun ne se firent pas attendre, Leona eut un simple sourire amusé, Zlark un air aprobateur malgrès lui, Raven lui fixait l'oisillon et Ellie s'exclamait "Youpi ! Youpi ! On va le garder !". Après avoir refermé son cahier, Lumine s'installa aux côtés du lycan sur le lit afin de caresser l'oiseau, à la plus grande surprise de Leona qui pensait son gardien inquiétant. La jeune femme aux cheveux émeraudes se leva et se plaça en face du groupe, puis les observa un instant. Lumine aurait fait une parfaite maîtresse pour eux, d'un tout autre genre simplement, subtilement doux et délicat. Après avoir fait abstraction de cette idée, Leona chercha un nom pour l'oiseau. Elle avait du mal à se voir imaginative : elle était très mathématicienne dans l'âme et par conséquent son degrès d'imagination était quasiment inexistant.

"J'aurais dis un nom d'aviateur, lança Zlark de sa voix nasillarde."

Evidemment, comme on aurait pu s'y attendre, le rat avait pour seule idée quelque chose en rapport avec l'aviation. Il faut dire qu'il était très attaché à son passé, chose compréhensible vu que son présent était tout sauf palpitant : suivre une lycéenne, manger des choses improbables telles que les chats, parfois boire un coup aux côtés d'un collègue lycan ressassant le passé et rêver de voler comme une camarade. Cela devait être difficile pour le rongeur qui était d'un naturel téméraire. La routine le rongeait devant l'impuissance totale de Leona qui ne parvenait pas à le stimuler ou encore à lui laisser sa liberté. La jeune femme savait qu'il était le plus malheureux des trois, mais ne pouvait rien faire tant il se faisait du mal à lui-même. La lycéenne acquiesa donc avec Zlark afin qu'il se sente soutenu :

"Je pense que ce serait une bonne idée, fit-elle d'un air faussement désintéressé.
- Nan ! Un nom de princesse, un nom de princesse j'vous dis ! s'exclama Ellie dans sa bonne humeur habituelle.
- On devrait peut être vérifier son genre, si c'est un mâle ou une femelle, fit Raven par la suite."

Avec un sourire qu'elle avait recouvré, Lumine donna sa réponse en l'écrivant dans son cahier. Leona quant à elle se demandait quel genre de problème sa colocataire pouvait avoir, quel genre de maladie, s'il existait des remèdes pour ça ou des opérations. Cette pensée n'avait rien à voir avec le fait de compatir ou autre, mais la jeune femme aux cheveux émeraudes était très liée à la médecine, non seulement car c'était la branche professionnelle qu'elle voulait prendre afin de devenir médecin légiste, mais en plus car elle-même était malade. Pour ce qui est du nom de l'oiseau, il était évident que c'était à Lumine de choisir, après tout c'était elle qui l'avait recueilli, elle serait en quelques sortes l'arbitre, et la réponse qu'elle avait noté dans son cahier était attendue de tous.

"Et si on l'appelait Yume, ça convient aussi bien à un garçon qu'à une fille et ça veut dire rêve, vous en pensez quoi ?"

Evidemment, les réactions ne se firent pas attendre à nouveau.

"Ca c'est que j'appelle une idée lumineuse ! En plus c'est carrément la classe, c'est un nom typique d'ici ! s'exclama Ellie.
- Ca peut être sympa, remarqua l'homme-loup qui tenait l'oiseau."

Apparemment, ce fut jugé ainsi : l'oiseau s'appellerait Yume, et même Zlark sembla acquiescer en marmonnant quelque chose d'inaudible dans ses poils. Leona quant à elle ne fit pas vraiment attention à la situation, elle avait la tête ailleurs, elle même ne savait pas où. Peut être en Allemagne, ou bien simplement dans les nuages. Que faisait son père à cet instant ? Avait-il poursuivi ses recherches en dehors de la téléphonie depuis l'épisode du parc, ou bien avait-il abandonné sa fille à son propre sort ? Quoi qu'il fasse, pour Leona, il était mort, un père qui bat sa fille n'est pas un père. Comment pouvait-il oser la traiter d'ingrate, alors que tout ce qu'il lui avait offert n'étaient que des plaies si bien extérieures qu’intérieures ? La jeune femme ne le saisissait pas, il était une énigme à glacer son sang, et elle ne voulait plus se souvenir de ces quatorze ans passés dans la peur. Elle détourna donc ses pensées vers le groupe qui semblait heureux d'avoir trouvé un nom au dénommé Yume.

"Adjugé vendu, dans ce cas ? fit Leona de son sourire constamment amusé."